LA RENAISSANCE DE L’ACADIE CATHOLIQUE ET FRANÇAISE

I. La vie et l’œuvre
de Mgr Marcel-François Richard (1847-1915)

ORDINAIREMENT, nos historiens étudient la question de l’entente entre les deux peuples fondateurs du Canada, dans le cadre de l’histoire du Canada français, du Québec, ou dans celui de l’histoire des provinces de l’Ouest. Nous avons cependant montré l’intérêt de l’étude de la minorité catholique et française en Nouvelle-Angleterre pour souligner le rôle des institutions dans la survie d’une communauté catholique aux prises avec le monde anglo-saxon protestant. Or, en Amérique du Nord, une autre communauté catholique et française est d’abord tombée sous les coups d’une violente persécution anglo-protestante, mais elle a su renaître et peu à peu s’imposer ; c’est l’Acadie, dont l’histoire va nous retenir cette fois-ci pour alimenter notre réflexion sur les conditions d’une possible cohabitation des deux communautés nationales.

UNE HISTOIRE MOUVEMENTÉE ET TRAGIQUE

Carte de l’Acadie actuelle
Carte de l’Acadie actuelle

En 1604, un premier et éphémère établissement français de quatre-vingts colons s’installe en Amérique du Nord sur les rivages acadiens. En 1610, nouvel essai, c’est la fondation de Port-Royal, mais les Anglais s’en emparent en 1629 en même temps que de Québec. Le traité de Saint Germain en 1632 restitue à la France ces possessions ; quatre cents colons s’installent alors au sud de l’actuelle Nouvelle-Écosse. Un siècle plus tard, ils sont treize mille. Passons vite pour arriver en 1713, date à laquelle les troupes anglaises conquièrent l’Acadie pour la troisième fois en un siècle. Ses habitants, forts de leur nombre et déjà habitués à passer sous le joug anglais avant de revenir aux lys de France, refusent de prêter le serment d’allégeance à la Couronne britannique, n’acceptant qu’une déclaration de neutralité.

Quarante ans plus tard, au plus fort de la guerre entre la France et l’Angleterre, les sept mille colons britanniques nouvellement établis en Nouvelle-Écosse s’inquiètent de leur situation au milieu d’une population qui pourrait devenir rapidement hostile. Aussi, en 1755, les autorités anglaises décident-elles la déportation de toute la population francophone. C’est le grand dérangement au cours duquel les trois quarts de la population sont chassés manu militari dans des conditions inhumaines, tandis que les autres, terrifiés, s’enfuient dans les bois.

Abbé François-Xavier-Lafrance
Abbé François-Xavier-Lafrance

Ce sont surtout les descendants de ces derniers qui reviennent à partir de 1780, à la faveur de la paix tant au Canada qu’aux États-Unis. Les Anglais acceptent leur retour à condition de prêter le serment d’allégeance et de ne pas se faire restituer leurs anciennes propriétés. Démunis de tout, la plupart n’ont plus qu’à s’installer sur la côte est, quasi inhabitée, du Nouveau-Brunswick où ils connaissent des conditions de pauvreté et de misère inouïes. Quelques bons prêtres dépendant de l’évêque de Québec sont leur seul soutien, le plus remarquable d’entre eux en Nouvelle-Écosse est un émigré français, l’abbé Sigogne. En 1800, ils sont dix mille, mais ils ne retrouvent leurs droits civiques qu’en 1830. Il faudra encore bien des années pour que ce peuple extraordinairement pieux, vertueux et attachant, s’impose comme tel aux descendants de ses persécuteurs. Au moment de la Confédération, on compte quatre-vingt-sept mille Acadiens ; cent quarante mille en 1900, plus de trois cent mille aujourd’hui.

En tout premier lieu, l’Acadie doit sa renaissance à l’action de deux prêtres dont le premier, l’abbé François-Xavier Lafrance (1814-1867), fonda en 1854, dans la plus grande discrétion, une école supérieure pour les jeunes Acadiens dans sa paroisse de Memramcook ; passée sous la direction des Pères de Sainte-Croix, elle donnera son élite laïque à l’Acadie en deux décennies. Le second, l’abbé Marcel-François Richard, fut au contraire le porte-parole de son peuple, son défenseur, le principal acteur de sa renaissance.

UNE VOCATION SACERDOTALE ET ACADIENNE

Il était né en 1847 à Saint-Louis-de-Kent, l’année même où on y construisait la première école de la région ; il la fréquentera jusqu’à l’âge de quatorze ans. Dernier d’une famille de dix enfants vivant sur cent arpents de terre défrichés de peine et de misère par le père, il fait preuve d’une rare intelligence. Il veut être prêtre, ses parents acceptent donc de lui faire continuer ses études. Le collège francophone le plus proche, celui de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, est à trois semaines de voyage ! Il est donc décidé que Marcel-François ira au collège anglophone catholique de Saint-Dunstan dans l’Île-du-Prince-Édouard. Son séjour de trois ans fera de lui un parfait bilingue et lui permettra de se lier d’amitié avec un condisciple irlandais, Cornelius O’Brien, le futur archevêque d’Halifax. Doué d’une force herculéenne qui le met à l’abri des brimades, il y souffre cependant de l’humiliation des autres Acadiens dont la peur instinctive vis-à-vis des Anglais le scandalise : “ Quand j’étais jeune et que je voyais mes compatriotes saisis de crainte à l’approche d’un Anglais, je bondissais d’indignation et je me disais : quand je serai grand, cette situation changera. ”

ACADIENS, IRLANDAIS, ULTRAMONTAINS

C’est au grand séminaire de Montréal qu’il se prépare avec ferveur au sacerdoce. Sa correspondance témoigne d’un intérêt marqué pour la cause ultramontaine. Il semble bien d’ailleurs que Mgr Bourget l’ait remarqué, car il entretient le vénérable évêque de la triste situation des catholiques francophones du Nouveau-Brunswick et obtient de lui la promesse d’une aide pour fonder un collège. Il est ordonné le 31 juillet 1870 pour le jeune, pauvre et vaste diocèse de Chatham fondé dix ans auparavant avec... six prêtres autour d’un jeune évêque irlandais bilingue, Mgr James Rogers, formé lui aussi par Mgr Bourget dans les années 1840. Le nouveau prêtre et son évêque ont tout pour s’entendre : même enthousiasme, même piété, même esprit entreprenant, même... force physique, et surtout même sympathie pour la cause acadienne ; le prélat irlandais avait été vicaire sur les traces de l’abbé Sigogne qu’il vénérait comme un saint.

CURÉ DE SAINT-LOUIS-DE-KENT
ET FONDATEUR D’UN COLLÈGE CATHOLIQUE ET FRANÇAIS

Abbé Francois-Marcel Richard
Abbé Francois-Marcel Richard

L’abbé Richard est nommé vicaire de sa paroisse natale de Saint-Louis-de-Kent où le curé, jadis excellent prêtre, commence à donner des signes de maladie mentale. Le poste est délicat, en outre la paroisse est vaste : environ trente kilomètres sur cinquante ! Jeune, dévoué sans limites, le jeune vicaire s’attire vite l’estime de ses ouailles, ce qui ulcère le curé qui, pris de folie furieuse et armé d’une hache, dévaste le presbytère avant que des paroissiens n’arrivent à le maîtriser. Le vicaire, avec l’accord de Mgr Rogers, n’a d’autre solution que de le livrer enchaîné à la police. Mais le curé, bientôt apaisé, porte plainte contre son vicaire ! Les juges protestants se frottent les mains... Procès public, condamnation malgré le témoignage de l’évêque, appel, condamnation aggravée, arrestation... En quelques semaines le jeune prêtre injustement condamné devient un héros pour tous les Acadiens. En une journée, une quête réunit les 1200 dollars d’amende qui lui évitent le pénitencier, alors que la quête de Pâques, la meilleure de l’année, ne lui rapportait que 28 dollars...

Revenu à Saint-Louis-de-Kent, l’abbé Richard accomplit un travail inouï, sous la protection bienveillante mais inquiète de son évêque. Car quel homme entreprenant ! Il ne construira pas moins de quinze églises, dont cinq la même année. Il faut faire les plans après avoir décidé de l’emplacement avec diplomatie, puis recueillir les fonds nécessaires auprès d’une population pauvre ; se procurer les matériaux alors que l’essentiel du commerce est entre les mains des protestants, enfin surveiller les travaux ; et tout cela sans manquer aux devoirs de son ministère... Ne nous étonnons pas qu’un Indien le trouve un jour évanoui d’épuisement au bord d’un chemin et lui sauve la vie. Il faut lire les lettres qui expliquent à son évêque le détail de ses activités, de ses peines et de ses consolations de curé dévoué au bien spirituel et temporel d’un peuple qu’il aime paternellement. Les réponses de Mgr Rogers, émaillées d’appels à la prudence, n’en respirent pas moins l’admiration et la confiance absolue du prélat.

L’église et le collège de Saint-Louis-de-Kent en 1880
L’église et le collège de Saint-Louis-de-Kent en 1880

L’abbé Richard n’a pas oublié pour autant son projet de fondation d’un collège pour Acadiens, puisqu’il considère que celui de Memramcook dirigé par les Pères de Sainte-Croix est devenu trop élitiste, trop mondain, pas assez nationaliste. En 1874, il fonde donc à Saint-Louis une académie. Dans son esprit, ce doit être une école catholique et française, quoique ouverte aussi aux anglophones, qui s’imposerait par la qualité de son enseignement et formerait l’élite de l’Acadie. Malgré le soutien de Mgr Rogers aussi dépourvu de moyens que lui, il se débat dans des difficultés inouïes trois ans durant jusqu’à ce que débarque à Saint-Louis un jeune ecclésiastique français, l’abbé Biron, qui veut consacrer sa vie au peuple acadien pour lequel il éprouve une véritable passion depuis qu’il en a lu l’histoire par Rameau de Saint-Père. L’évêque l’accepte comme directeur sous l’autorité de son cher abbé Richard qui reste supérieur. L’œuvre ainsi stabilisée, se développe au contentement de tous malgré l’anglophobie de l’abbé Biron, que réprouve cependant le jeune curé acadien.

LA RUPTURE ENTRE LE CURÉ ACADIEN ET L’ÉVÊQUE IRLANDAIS

Tout va donc pour le mieux lorsqu’en 1880, Mgr Rogers, inquiet du mauvais fonctionnement du collège anglophone de sa ville épiscopale, a l’idée d’en confier la direction à l’abbé Richard qu’un vicaire soulagerait de ses activités paroissiales. Le curé de Saint-Louis-de-Kent refuse pour des raisons pratiques, ne serait-ce que la distance entre les deux établissements (une journée de route !). Mgr Rogers modifie alors son projet : pourquoi ne pas fusionner les deux collèges en un seul établissement dans sa ville épiscopale, ce qui aurait l’avantage d’apprendre aux deux communautés à vivre en bonne entente ? L’abbé Richard, plus attiré par le ministère paroissial que par l’enseignement, refuse à la grande déception de son évêque. Là-dessus, les parents d’un élève irlandais viennent se plaindre à Mgr Rogers de l’abbé Biron qui a exclu leur fils du collège de Saint-Louis à la suite d’une querelle d’écoliers. Convoqué, l’abbé Richard reçoit une sévère remontrance qui se veut sans réplique. Mortifié par cette soudaine acrimonie, le supérieur du collège se justifie dans une longue lettre au vicaire général qui, convaincu de la bonne foi du prêtre, la fait lire à l’évêque dans l’espoir de les réconcilier. C’était manquer totalement de psychologie car, lorsque Mgr Rogers lit le paragraphe où l’abbé Richard lui reproche de faire fi de ses années de dévouement, de s’emporter et de le juger sans même avoir fait d’enquête, le tempérament bouillant du prélat irlandais explose une première fois... en attendant l’esclandre du 5 juillet 1882.

Mgr James Rogers
Mgr James Rogers

Ce jour-là, c’est la remise des prix au collège de Saint-Louis en présence de l’évêque. Le meilleur élève qui, selon l’usage, dit le compliment en français est un... Irlandais. À peine a-t-il fini que l’évêque, rouge de colère, dénonce devant les paroissiens médusés cette humiliation imposée à un Irlandais ! Le renvoi de l’abbé Biron, dont l’intransigeance de maudit français a indisposé de bons catholiques anglophones, est décidé. C’est un coup dur dont l’inévitable conséquence sera la fermeture du collège...

Les commentaires vont bon train chez les Acadiens. On dit que c’est l’évêque qui a fermé l’établissement, ce qui n’est pas fait pour apaiser l’irascible Mgr Rogers qui s’estime à juste titre calomnié, car – ô complexité de la psychologie humaine et épiscopale ! – il est vrai qu’il a fait tout ce qui était en son pouvoir pour en empêcher la fermeture, une fois chassé l’abbé Biron. Mais lorsqu’en 1884, un autre évêque irlandais déclare à un journaliste que c’est l’abbé Richard qui est responsable de la fermeture du collège, c’est au tour de ce dernier de se fâcher. Il fait appel à Rome contre son évêque qui s’estime victime d’une ingratitude et d’une infamie sans nom !

L’archevêque d’Halifax, l’ami de collège de l’abbé Richard, intervient en conciliateur et obtient sa promotion à une cure plus importante mais moins étendue, celle de Rogersville, dans l’espoir évident qu’il abandonnera la procédure contre son évêque. Mais l’abbé Richard la maintient. Ulcéré, Mgr Rogers multiplie alors les brimades au risque d’indisposer ses diocésains acadiens qui considèrent maintenant le curé de Rogersville comme leur chef de file.

POUR UN NATIONALISME ACADIEN

Avec le temps, une classe moyenne d’Acadiens s’est formée. Peu nombreuse, gardant la foi de leurs pères et l’attachement aux traditions du peuple, elle veut travailler à la renaissance de celui-ci. Elle épaule l’action de l’abbé Richard qui lance dans sa paroisse un remarquable mouvement de colonisation. Il entreprend de dégager les colons de Rogersville de la tyrannie des commerçants protestants, non sans s’attirer les foudres épiscopales pour son manque de prudence. Il crée des fonds d’assistance catholiques, des organismes financiers, des circuits de distribution et d’approvisionnement catholiques, dont il est la cheville ouvrière et parfois même, dans les premiers temps, l’unique responsable au mépris des dispositions canoniques. En 1904, son projet de fondation d’une Trappe à Rogersville aboutit ; il souhaite que les moines ajoutent aux bienfaits de la vie monastique pour les habitants, ceux de leur science agronomique.

Francois-Marcel RichardIl encourage aussi l’organisation des fameuses conventions, vastes rassemblements d’Acadiens. En 1881, il y explique son idéal d’une société catholique et rurale, qui doit se tenir à l’écart des divisions engendrées par les partis politiques qui compromettraient son destin. « Je regrette amèrement d’avoir à lutter contre quelques-uns de mes compatriotes au nombre desquels se trouvent de mes meilleurs amis personnels ; et contre nos frères canadiens que je respecte beaucoup, et que j’admire à cause de leur attachement à leur nationalité. Mais il ne s’agit pas ici de faire de la politique, ou de servir des intérêts particuliers ; nous sommes convoqués ici par les organisateurs de cette convention acadienne pour “ affirmer notre existence comme peuple ” et prendre les moyens de conserver notre nationalité. » Le discours continue par la proposition d’une fête nationale le 15 août, en l’honneur de l’Assomption de la Très Sainte Vierge. « Louis XIII avait fait vœu de consacrer son empire à la Sainte Vierge et il voulut que la fête de l’Assomption fût la fête nationale du royaume. Or peu d’années plus tard (sic) il envoya des colons prendre possession de l’Acadie. Ils ont dû par conséquent emporter avec eux les usages et les coutumes de leur patrie, et si des circonstances malheureuses les ont empêchés de chômer leur fête nationale d’une manière régulière, il est pourtant vrai de dire que la dévotion nationale des Acadiens, c’est la dévotion à Marie. (...) Un autre puissant motif qui doit nous porter à adopter la Sainte Vierge pour patronne, c’est que les évêques des Provinces Maritimes réunis au premier concile de Halifax, il y a plus d’un quart de siècle, ont choisi la Vierge Immaculée pour la patronne de cette province ecclésiastique. De sorte qu’en adoptant la Sainte Vierge comme patronne nationale, on ne fait qu’entrer dans les vues de nos prélats qui ont présidé à ce concile, et je ne doute pas que ce choix sera béni par nos dignes évêques qui nous dirigent aujourd’hui. »

Premier drapeau acadienIl leur propose aussi un drapeau : « Le drapeau tricolore est celui de la France (...). Pour nous, Acadiens, ce drapeau nous dit simplement que nous sommes Français et que la France est notre mère patrie. Cependant, je voudrais que l’Acadie ait un drapeau qui lui rappelle, non seulement que ses enfants sont Français, mais qu’ils sont aussi Acadiens. Je suggère donc, et je propose aux délégués de cette Convention le plan suivant du drapeau national : le drapeau tricolore avec, dans la partie bleue, une étoile aux couleurs papales, l’étoile de Marie. » Enfin comme hymne national, on adopte spontanément l’Ave Maris Stella que les cinq cents délégués reprennent avec émotion à la suite du prêtre.

Notons bien qu’il n’y a aucune opposition notable des évêques irlandais du Nouveau-Brunswick, celle de Mgr Rogers étant ponctuelle et personnelle, elle ira d’ailleurs en s’atténuant après le jugement rendu en sa faveur par Rome en 1891, jusqu’à la pleine réconciliation durant sa dernière maladie en 1903. Le climat général est donc différent de celui de la Nouvelle-Angleterre, de l’Ontario, des Provinces de l’Ouest et même, d’une certaine manière, de celui de la Province de Québec. Ce qui s’explique par deux raisons : d’une part, la réinstallation des Acadiens s’est faite dans des circonstances qui limitent au minimum les occasions de friction entre les deux communautés ; d’autre part, les évêques, en particulier Mgr Rogers, n’ont aucune acrimonie contre les Acadiens dont ils admirent la foi et le courage, et dont les chefs veulent malgré tout la bonne entente avec les anglophones. L’abbé Richard s’interdit d’exploiter le mécontentement des Acadiens contre l’attitude de Mgr Rogers à son égard, et sait calmer les exaspérations.

UN HONNEUR BIEN MÉRITÉ

Le nonce Sbaretti, en poste à Ottawa où il essaie en vain de réconcilier anglophones et francophones, ne peut donc que se réjouir de l’attitude de l’abbé Richard. Il lui rend visite et il propose au nouveau Pape Pie X sa nomination comme prélat domestique. Cependant, le successeur irlandais de Mgr Rogers, Mgr Barry, objecte : honorer un prêtre désavoué par Rome dix ans auparavant reviendrait à donner tort à l’autorité épiscopale... irlandaise ! Mgr Sbaretti trouve une solution diplomatique : trois prêtres du diocèse recevront le même honneur : l’abbé Richard et deux irlandais. Mais les Acadiens ne s’y trompent pas, l’honneur qui vient d’être rendu au curé de Rogersville est perçu comme une grande victoire : Rome reconnaît l’Acadie ! Triomphe prématuré, la réaction de Mgr Barry est révélatrice d’une évolution de l’attitude de l’épiscopat que nous étudierons la prochaine fois.

RC n° 24, février 1995