LE RÉGIME FRANÇAIS
Une colonisation vouée à l'échec
LE continent américain demeurait un monde absolument inconnu du reste de l’univers civilisé lorsque Christophe Colomb découvrit, le 12 octobre 1492, les côtes du “ Nouveau Monde ”. Longtemps encore, les navigateurs crurent qu’il ne s’agissait que d’un nouveau rivage de l’Asie, cette contrée aux épices si convoitées.
Les rois d’Espagne et du Portugal envoyèrent vers ces horizons inexplorés des expéditions où missionnaires accompagnaient marins et conquistadors, car en ces temps de Chrétienté, la grandeur des pays européens n’allait pas sans la plus grande gloire de Dieu.
En 1493, l’Espagne et le Portugal obtinrent du Pape, alors arbitre incontesté des conflits entre les nations chrétiennes, le partage du monde en leur faveur suivant deux zones d’influence respectives. Alexandre VI assortit même son décret d’une menace d’excommunication contre qui l’enfreindrait.
Cela n’empêcha pas le roi d’Angleterre, Henri VII, d’envoyer en 1497 le navigateur Jean Cabot, d’origine italienne, tenter de trouver un passage vers les Indes par l’Ouest et le Nord de l’Atlantique. Sans doute atteignit-il le rivage américain, mais l’endroit en est si peu déterminé que l’Angleterre attendra un siècle avant de commencer à revendiquer d’hypothétiques droits acquis pour elle en Amérique du Nord par cette expédition.
Il n’est toujours pas question du Canada. Les années passent. Le Royaume des lys sort des ruines de la guerre de Cent ans. En envoyant sainte Jeanne d’Arc avec mission de faire sacrer le roi comme “ lieutenant du Christ qui est vrai Roy de France ”, le Ciel avait à la fois sauvé la monarchie et manifesté son caractère sacral.
Pour comprendre la fonction que la France remplira en Amérique, il est absolument nécessaire de garder présente à l’esprit cette alliance mystique passée entre le Christ et la nation française. Après cette restauration de leur autorité, les rois de France s’étaient malheureusement grisés de rêves de grandeur et enlisés dans les guerres d’Italie. Or c’était d’Amérique, du Pérou, que la fortune arrivait à leur rival, l’empereur Charles-Quint. Il faudra attendre la paix pour que la France puisse se tourner vers ce Nouveau Monde.