Esdras Minville (1896-1975)
« IL restera, parmi les siens, l’un des plus magnifiques exemples de l’autodidacte », disait de lui le chanoine Groulx. Doué d’une intelligence supérieure et d’une rare acuité, dès la fin de la Première Guerre mondiale, il mesura le risque mortel que l’évolution de nos sociétés contemporaines faisait courir au Canada français catholique. Cependant, loin de se défier du progrès, il entreprit de le soumettre à la loi du Christ. Directeur d’HEC pendant un quart de siècle, doyen de la Faculté des Sciences sociales de l’Université de Montréal, conseiller au ministère du Commerce et de l’Industrie, président de la Chambre de commerce de Montréal, secrétaire provincial des scouts catholiques, etc… l’activité d’Esdras Minville fut incessante et animée par un seul idéal : sauver l’âme du Canada français.
Les tenants de la Révolution tranquille qui, de son vivant, craignaient son incontestable probité et sa rigueur intellectuelle, s’empressèrent d’ensevelir son œuvre sous une chape de plomb. Aujourd’hui, de jeunes historiens sous la direction de Pierre Trépanier de l’Université de Montréal, en s’attaquant au mythe de la grande noirceur, le font sortir… de l’ombre et nous mettent en présence d’un maître en nationalisme canadien-français dont la doctrine rejoint celle de l’abbé de Nantes.